Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/439

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le gouvernement lui-même donna à Brinkley la plus haute marque de confiance : il le nomma évêque protestant de Cloyne. Ce siége épiscopal avait déjà été occupé par un homme célèbre, par le métaphysicien Berkeley. Ses revenus sont très-considérables. On dut certainement regretter que Brinkley consentit à échanger contre des biens périssables attachés à la dignité ecclésiastique, les découvertes scientifiques qui l’attendaient dans sa première carrière; en tous cas, aucun de ceux qui le connaissaient ne lui fit l’injure de voir dans son acceptation autre chose qu’un acte de conscience. À partir du jour où il fut revêtu de l’épiscopat, l’homme dont touts la vie avait été consacrée jusque-là à la contemplation du firmament et à la solution des questions sublimes que recèlent les mouvements des astres, divorça complétement avec ces douces, avec ces entraînantes occupations, pour se livrer sans partage aux devoirs de sa charge nouvelle. Afin d’échapper, je suppose, à la tentation, l’ex-directeur de l’Observatoire royal d’Irlande, l’ex-andrew’s professor d’astronomie de l’Université n’avait pas même dans son palais la plus modeste lunette. On doit la révélation de ce fait presque incroyable, à l’indiscrétion d’une personne qui s’étant trouvée chez l’évêque de Cloyne un jour d’éclipse de Lune, eut le déplaisir, faute d’instruments, de ne pouvoir suivre la marche du phénomène qu’avec ses yeux.

Brinkley est mort à Dublin, le 18 septembre 1835, à l’âge de soixante-douze ans. Ses restes inanimés ont été suivis avec le plus profond recueillement par toutes les personnes consacrées à l’étude que renferme la capi-