Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/469

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taient pas les calculs numériques les plus fastidieux, Kepler devina que les mouvements des astres devaient être liés les uns aux autres par des lois simples, ou, en nous servant de ses propres expressions, par des lois harmoniques. Ces lois, il entreprit de les découvrir. Mille tentatives infructueuses, des erreurs de chiffres, inséparables d’un travail colossal, ne l’empêchèrent pas un seul instant de marcher résolument vers le but qu’il avait cru entrevoir. Vingt-deux ans furent employés à cette recherche, sans qu’il faille s’en affliger ! Que sont, en vérité, vingt-deux ans de labeur, pour celui qui va devenir le législateur des mondes ; qui inscrira son nom en traits ineffaçables sur le frontispice d’un code immortel ; qui pourra s’écrier, en langage dithyrambique, et sans que personne s’avise d’y trouver à redire : « Le sort en est jeté ; j’écris mon livre ; on le lira dans l’âge présent ou dans la postérité, que m’importe ; il pourra attendre son lecteur : Dieu n’a-t-il pas attendu six mille ans un contemplateur de ses œuvres ! »

Rechercher une cause physique capable de faire parcourir aux planètes des courbes fermées ; placer dans des forces le principe de conservation du monde, et non dans les appuis solides, dans les sphères de cristal que nos ancêtres avaient rêvées ; étendre aux révolutions des astres les principes généraux de la mécanique des corps terrestres, telles étaient les questions qui restaient à résoudre après que Kepler eut publié ses découvertes. Des linéaments fort distincts de ces grands problèmes s’aperçoivent, çà et là, chez les anciens et chez les modernes, depuis Lucrèce et Plutarque jusqu’à Kepler,