Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/593

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recherches, qu’il prendrait une part active à nos débats quotidiens, qu’il essaierait d’y jeter quelques reflets de sa longue et brillante expérience. Cependant, tout le monde l’a promptement senti, la perte que l’Académie, que le Bureau des Longitudes viennent de faire, est immense.

Si les corps académiques exercent une influence utile sur les progrès de l’esprit humain, c’est à la condition de s’être placés par le mérite de leurs membres, dans une région de supériorité incontestable et incontestée. Or, vous le savez, l’opinion publique assignait à Prony un rang éminent parmi les hommes auxquels on succède et qu’on ne remplace pass il était véritablement devenu en France la personnification de l’art de l’ingénieur.

En interrogeant le passé, nous trouverions des époques où l’administration publique aurait cru encourir le blâme le plus sévère, si elle avait commencé des travaux de quelque importance avant d’avoir consulté le savant académicien, Napoléon, par exemple, quand on discutait devant lui des projets du domaine de l’ingénieur civil, faisait toujours entendre ces paroles sacramentelles : « Qu’en pense Prony ?»

S’il se propose, vers la fin de 1810, suivant en cela les traces de César, de Sixte V, de Léon X et de Pie VI, d’assainir le sol pontin, Prony sera à ses yeux le seul homme capable de diriger, d’exécuter personnellement les opérations difficiles, pénibles, dangereuses, de la triangulation, du nivellement général de toute la contrée et du jaugeage de ses eaux.

Quand l’empereur conçoit la pensée de rendre au port