Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/607

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souvent. Si, envisagée surtout de son point de départ, la carrière parcourue par Bouvard est immense, c’est que notre ami fut toujours animé d’une ardeur extraordinaire pour le travail ; c’est que le découragement ne l’atteignit jamais ; c’est que sa persistance à recommencer sans cesse la même recherche pourrait servir de modèle aux plus opiniâtres.

Les distractions de notre société, Bouvard les connaissait à peine. Observateur exercé et habile, il passa, pendant de longues années, toutes les nuits sans nuages, à côté des grands instruments de l’Observatoire. La Table générale des comètes présente plusieurs de ces astres dont la découverte lui appartient. Sa spécialité, toutefois, nous la trouverions dans les calculs numériques, dans les calculs fastidieux qu’un écrivain illustre a si bien caractérisés par ces paroles : « ls fatiguent l’attention sans la captiver, » Bouvard en exécuta des masses effrayantes, soit quand il s’occupa de la Théorie de la Lune, à l’occasion d’un prix proposé par la première classe de l’Institut, prix qu’il partagea avec le célèbre Burg, de Vienne ; soit en “construisant des Tables nouvelles de Jupiter, de Saturne, d’Uranus : soit enfin, et principalement, lorsqu’il fallut fournir à Laplace le moyen d’insérer dans sa Mécanique céleste autre chose que des formules purement algébriques.

Combiner des nombres était devenu pour notre confrère une seconde nature. Sa main défaillante traçait encore des chiffres l’avant-veille du jour où nous l’avons perdu. Aussi, me serait-il permis d’emprunter à l’éloge d’Euler le trait qui le termine, et de m’écrier, sans aucune appa-