Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/630

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transcrire : « Ma femme, tu feras mes remerciements à M. Arago. Je n’attendais pas moins de son attachement ; mais le plaisir que j’en éprouve n’est pas sans mélange. Il m’est pénible de penser que mon meilleur ami a pu croire que j’avais eu assez peu de prévoyance pour laisser ton sort, pour laisser tout ton avenir à la merci d’un caprice ministériel. J’ai été traité durant ma longue carrière comme je pouvais le désirer. Je ne veux pas qu’après ma mort personne puisse dire que la veuve de Legendre est à charge au pays. » Ces nobles paroles étaient adressées à une personne digne de les apprécier. La veuve de Legendre, malgré la modicité de sa fortune, ne chercha à tirer aucun avantage des glorieux souvenirs attachés au nom illustre qu’elle portait.

Si je suis arrivé, par cet ensemble de faits et de raisonnements, à dissiper les objections dont on conviendra, en tout cas, que je n’ai pas cherché à affaiblir la portée ; si j’ai prouvé que, dominés par l’opinion publique, les gouvernements absolus eux-mêmes distribuaient avec assez d’intelligence et de justice les pensions, les encouragements destinés aux hommes de lettres ; s’il est avéré que les principales découvertes scientifiques des temps modernes, que la plupart des grands ouvrages de toute nature dont se glorifient les divers peuples, sont dus à des auteurs qu’aucune occupation quotidienne obligée n’allait distraire et épuiser ; si personne ne saurait maintenant soutenir que l’aisance et la tranquillité d’esprit qu’elle procure, que les plus grandes richesses n’empêchent pas les esprits élevés de se vouer corps et âme au culte de la vérité, si je suis parvenu, enfin, à dissiper les