Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 5.djvu/122

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cette vapeur devait être d’autant plus abondante qu’il faisait plus chaud (nous le savons aujourd’hui parfaitement) ; ainsi rien ne m’empêche d’affirmer que c’est à la vapeur, plus élastique le jour que la nuit, qu’était dû le mouvement du liquide. On dira peut-être que l’effet dépendant de cette cause, n’était qu’une très-petite partie de celui qu’amenait la dilatation de l’air ; mais dès que la discussion portera seulement sur des quantités, elle se terminera en ma faveur.

Au besoin, j’aurais répliqué qu’il ne s’agit pas de savoir s’il y avait une petite quantité de vapeur en jeu dans l’appareil d’Héron, mais bien si ce mécanicien l’avait soupçonné ; or Héron ne parle que d’air. Si l’on devait enregistrer comme découvertes de celui qui a fait une opération, tous les phénomènes que cette opération réalise, l’analyse de l’air atmosphérique n’appartiendrait plus à Lavoisier, car le premier dans les mains duquel un morceau de métal se rouilla, avait sans s’en douter séparé l’oxygène de l’azote ; Black ne serait pas l’inventeur de la théorie de la chaleur latente, car on ne fait jamais bouillir de l’eau sans que la vapeur s’empare inévitablement de la grande quantité de calorique qui est nécessaire à sa constitution ; la découverte de l’électricité par contact n’appartiendrait plus à Volta, mais bien à celui qui le premier superposa deux pièces métalliques de nature différente, etc., etc. Au reste, je dois le dire, M. Ainger, entraîné par son zèle, s’est même ôté l’usage des arguments que je viens de combattre. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler cette phrase : « On savait du temps d’Héron, etc. ; » ou bien cette autre : « L’ap-