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EXPLOSIONS DES MACHINES

comme un fait digne de remarque que tes jambes fussent restées dans la distillerie tandis que le buste se trouva au loin, hors du bâtiment, parmi les décombres.

La ligne le long de laquelle la chaudière se déchira était parfaitement horizontale et suivait une rangée de clous d’une manière tout aussi régulière que si l’on eût coupé le fer avec de fortes cisailles.

La chaudière, semblable à celles dont Watt avait donné le modèle, était concave à l’extérieur dans sa face la plus voisine du feu. Elle formait là une espèce d’arceau qui permettait à la flamme du fourneau de pénétrer presque jusqu’au centre de la masse liquide. Après l’explosion, la même paroi se trouva convexe, tant elle avait été fortement pressée de dedans en dehors. Cette déformation n’offre rien qu’on n’eût pu deviner ; mais on aurait cru difficilement, si l’inspection des lieux n’en avait fourni une preuve démonstrative, que le fond de la chaudière, dont le poids était de 2,028 kilogrammes, et qui portait de si évidentes traces de l’énorme pression qu’il avait éprouvée de haut en bas, eût été cependant soulevé pendant l’explosion, à une hauteur de près de 5 mètres, et transporté à quelque distance du massif de maçonnerie sur lequel il se trouvait primitivement établi.

Aucune circonstance, il importe beaucoup de le faire remarquer, n’autoriserait la supposition que l’accident de Lochrin ait dépendu d’une mauvaise construction des soupapes de sûreté. J’ai déjà dit que l’une d’elles était sous clef ainsi, il faut également écarter toute idée de surcharge.