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LES CHEMINS DE FER.

instantanées qui feraient croire, en vérité, qu’on assiste aux évolutions capricieuses d’un être doué de vie et de volonté. Tout cela est à merveille, Messieurs ; mais perçons l’enveloppe, et nous trouverons un appareil qui se dérange sans cesse, qui sans cesse est en réparation, qui est pour les compagnies une cause de ruine. Voyons ce que le combustible consommé renfermait de force motrice ; mesurons d’autre part, la force que la locomotive a mise en action, et de nouvelles imperfections frapperont nos yeux, comme elles ont déjà frappé ceux de tous les ingénieurs. Le mal est-il irréparable ? Gardons-nous de le croire. Quand on se rappelle la révolution capitale que notre compatriote, M. Séguin aîné, produisit dans l’art de la locomotion, le jour où s’emparant des chaudières tubulaires de ses devanciers, il imagina de placer l’eau dans la capacité où se jouait la flamme, et de lancer cette flamme, au contraire, dans les tubes destinés d’abord à renfermer l’eau quand on songe à tout ce qu’on a gagné sous le rapport du tirage, à faire dégager par la cheminée de la locomotive, la vapeur qui, après avoir agi dans le corps de pompe, semblait ne pouvoir pas rendre de nouveaux services et se répandait jadis librement dans l’air, on a toute raison d’espérer de nouvelles découvertes et de compter sur leur simplicité.

Doit-on conclure de ces doutes, de ces incertitudes, de ces espérances, qu’il faudrait aujourd’hui s’abstenir tout à fait de construire des chemins de fer ? Non, Messieurs, mille fois non ; telle n’est pas notre pensée. Les chemins de fer d’aujourd’hui ont, quant à la vitesse, et pour le transport des voyageurs, des avantages incontes-