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MACHINES À VAPEUR

les intervalles que lui laisse la manœuvre des robinets. »

Le lecteur connaît maintenant tout ce que le marquis de Worcester a jamais écrit sur la machine à feu. C’est l’unique titre sur lequel se fonde M. Partington, de l’Institution de Londres, dans sa nouvelle édition (1825) de la Century of Inventions, pour décider avec tous ses compatriotes que « Worcester est le premier homme qui ait découvert un moyen d’appliquer la vapeur comme agent mécanique ; invention qui seule, ajoute-t-il, suffirait pour immortaliser l’âge dans lequel cet homme vivait. »

Examinons à notre tour ce paragraphe tant de fois cité, et voyons, sans partialité, ce qu’au fond on y trouve.

J’y vois d’abord une expérience propre à montrer que l’eau réduite en vapeur peut, à la longue, rompre les parois des vases qui la renferment. Cette expérience était déjà connue en 1605, car Flurence Rivault dit expressément que les éolipyles crèvent avec fracas quand on empêche la vapeur de s’échapper. Il ajoute même : « L’effet de la raréfaction de l’eau a de quoi épouvanter les plus assurés des hommes[1]. » (Éléments d’artillerie, p. 128. Paris, 1605.)

J’y vois encore l’idée d’élever de l’eau à l’aide de la force élastique de la vapeur. Cette idée appartient à

  1. J’emprunte cette citation à l’un des curieux articles historiques, si riches d’érudition, que M. de Montgéry a publiés sur les machines dans lesquelles le feu est employé d’une manière quelconque, et je la substitue au passage suivant de Salomon de Caus que j’avais d’abord inséré dans le texte. Ce passage n’a paru que dix ans plus tard, c’est-à-dire en 1615, mais près de cinquante ans toutefois avant la Century of inventions : « La violence sera grande quand l’eau s’exhale en air par le moyen du feu et que ledit air est