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LES CHEMINS DE FER.

nos ingénieurs des ponts et chaussées cherchent à se tenir à l’écart de toute affaire dont la conclusion doit être un paiement ? N’en doutons pas, Messieurs, les achats de terrains, de rails, de machines locomotives, etc., se feraient plus mal et à des conditions beaucoup plus onéreuses, par les employés de l’État que par ceux des compagnies. Enlacés dans une multitude de formes administratives, conservatrices, si l’on veut, mais, d’un autre côté, minutieuses, compliquées à l’extrême, les délégués du gouvernement ne pourraient presque, dans aucun cas, leur substituer la voie prompte et souvent économique de la transaction privée. De là d’incalculables longueurs et d’énormes difficultés. Le ministre lui-même l’a si bien prévu, qu’il parle déjà, dans l’exposé des motifs, de la possibilité de simplifier les formes actuelles.

Si cette simplification avait pu être assez radicale pour ôter tout sujet d’opposition aux partisans des compagnies, pourquoi ne l’a-t-on pas opérée avant de présenter les projets de loi des chemins de fer et des canaux ? Puisqu’on fait espérer des améliorations, il eût été très-utile de savoir, par exemple, si l’administration des ponts et chaussées continuera, en matière de travaux publics, à être juge et partie ; si elle seule aura le contrôle de ses propres actes. Chacun eût voulu apprendre comment elle échappera désormais au besoin que l’esprit de corps lui a jusqu’ici imposé, de jeter un voile épais sur les fautes de ses membres ; où elle trouvera l’énergie qui lui a si souvent manqué, même lorsque les plus graves intérêts iui criaient sans cesse d’enlever à tel ou tel ingénieur systématique ou inhabile la direction qui lui avait été confiée