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MACHINES À VAPEUR

porter la vapeur de sa chaudière à six atmosphères ; de là des dérangements continuels dans les joints ; de là également la fonte des mastics et même de dangereuses explosions. Aussi, malgré le titre de son ouvrage, les machines de cet ingénieur ne servirent point utilement dans les mines. Elles ne furent employées que pour distribuer l’eau dans les diverses parties des palais ou des maisons de plaisance, dans des parcs ou dans des jardins, partout, en un mot, où la différence de niveau à franchir ne surpassait pas une quarantaine de pieds. À l’aide de la machine proposée par Papin, il n’est pas de hauteur, au contraire, où l’eau ne puisse être portée, même en n’employant que de la vapeur à une très-faible tension : tout se réduit pour cela à donner au corps de pompe un assez grand diamètre.

En résumé, Savery a essayé de se servir de la force élastique de la vapeur pour pousser l’eau dans un tube vertical ; mais Salomon de Caus l’avait fait, précisément de la même manière, quatre-vingt-trois ans auparavant. Savery remplissait par aspiration les vases dans lesquels la vapeur devait agir ensuite ; mais en 1698 l’aspiration n’était pas un principe nouveau, puisqu’on avait très- anciennement inventé l’horreur du vide pour l’expliquer,


    partie de leur force…. Ce n’est qu’après que l’eau est échauffée qu’on la peut pousser… ; pour chauffer ainsi l’eau, il faut consumer beaucoup de vapeur ; il faut donc remettre souvent de nouvelle eau dans la cornue (la chaudière) et il faut bien du temps et du bois pour la réchauffer. Mais par le moyen de notre piston (un flotteur à deux fonds), les vapeurs ne rencontrent toujours que la même surface de ce métal, qui acquiert bientôt une si grande chaleur que les vapeurs ne perdent rien ou très-peu de leur force en s’appliquant dessus. »