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CHAUX ET MORTIERS HYDRAULIQUES

pont du Gard ; ces expériences donnent des résistances variant dans le rapport d’un à trois.

Les personnes qui voudront se livrer à de semblables comparaisons, devront se ressouvenir que le temps ajoute sans cesse, dans les fondations, à la dureté du mortier. Le mode d’action par lequel ce conglomérat artificiel se durcit, acquiert de l’adhérence, est encore un sujet de controverse entre les savants ; mais personne ne nie que, dans certaines circonstances, la mystérieuse action ne puisse se continuer pendant une longue suite de siècles.

On paraît oublier qu’en ce qui touche les connaissances des anciens sur l’art de bâtir, nous n’en sommes pas réduits à de simples conjectures. Vitruve, contemporain et architecte d’Auguste, nous a laissé le tableau détaillé des préceptes en usage parmi les constructeurs de la Grèce et de Rome. Ces préceptes sont loin de justifier l’admiration sans réserve des antiquaires.

Les anciens n’étaient en possession, cela va sans dire, d’aucune notion exacte concernant la modification chimique qu’une pierre calcaire éprouve par les soins du chaufournier, modification après laquelle sa friabilité est si grande ; ils ne savaient rien, non plus, touchant le genre d’action qui restitue aux éléments désagrégés de cette pierre passée à l’état de chaux, la dureté et l’adhérence dont le feu les avait privés. Les efforts de Vitruve pour enchaîner ces phénomènes dans les liens d’une explication plausible restèrent sans résultat. Il en fut de même, jusqu’aux découvertes chimiques de Black sur l’acide carbonique, des tentatives des successeurs les plus illus-