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NAVIGATION

Jadis, quand on voulait barrer les rivières, moins pour la navigation que pour les arrosages, on plantait verticalcment dans le lit des pieux, entre lesquels on plaçait des ponts en cas de besoin dans les intervalles compris entre les pieux fixes on mettait des aiguilles mobiles retenues dans le haut par ces ponts, dans le bas par un seuil. Il y a, dans les nouveaux systèmes, cette modification, que les pieux fixés sont devenus mobiles, qu’ils peuvent être abattus et relevés quand on le veut.

Un barrage à aiguilles n’a été exécuté sur une certaine échelle, dans un point de grande navigation comme celle qui doit s’établir entre Paris et Rouen, que sur le pertuis de la Morue.

On a fait bien des rapports d’ingénieurs sur les avantages de ce barrage dû à M. Poirée. J’en ai entendu parler, je ne les connais pas officiellement. J’ai voulu savoir au fond comment le système se manoeuvrait Il y aurait eu peut-être des inconvénients pour la manifestation complète de la vérité à ce que je fisse la vérification moi-même. J’ai envoyé au pertuis de la Morue une personne très-intelligente, très-honorable, très-véridique, très-exercée en mécanique. Je l’ai priée d’examiner com. ment les choses se passaient, et de recueillir surtout les déclarations des barragistes.

Eh bien, la manœuvre ne se fait pas avec la rapidité qu’on indiquait ; il s’en faut de beaucoup. La manœuvre est très-difficile, et elle est très-dangereuse.

Je savais, par les aveux des ingénieurs que cette manœuvre intéressait le plus, que deux barragistea s’étaient noyés en faisant l’opération.