Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 5.djvu/632

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J’arrive maintenant aux travaux réclamés par M. le ministre du commerce. Je demanderai d’abord la permission do lui soumettre quelques doutes. M. le ministre veut faire exécuter sur-le-champ tous les travaux qui sont à Paris en cours d’exécution : c’est, je crois, l’expression dont il s’est servi dans l’exposé des motifs. Reste à s’entendre sur sa portée.

M. le ministre de l’instruction publique. Nous avons voulu parler de trois ans.

M. Arago. L’observation que j’ai voulu faire n’en subsistera pas moins. Je ne voudrais point que les monuments fussent achevés dans un temps trop court. D’abord, les carrières actuelles pourraient à, peine fournir aux besoins réunis des constructions entreprises par des particuliers, des grands travaux du gouvernement et de ceux de la liste civile. 11 en résulterait une augmentation exorbitante dans le prix des matériaux. Les ouvriers de Paris ne pouvant suffire à tous ces travaux, vous seriez obligés d’en faire venir un nombre considérable des départements.

Que le passé nous serve de leçon. Peu après la révolution de juillet, j’étais membre du conseil général du département de la Seine, et je n’ai pas pu oublier combien nous éprouvâmes d’embarras pour satisfaire aux besoins de tant d’individus étrangers à la ville de Paris et qui n’avaient pas d’ouvrage. Qui ne se rappelle le Champ-de-Mars gâté au prix de tant d’argent ? Je le répète, Messieurs, si vous donnez un développement exagéré à vos travaux, vous nuirez d’une manière grave aux entreprises particulières ; vous verrez augmenter tous