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tous les naufrages proviennent de l’absence de chronomètres et d’instruments à réflexion ; mais une bonne partie peut être attribuée à cette cause. Sur la côte de France, depuis Dunkerque jusqu’à Saint-Jean-de-Luz, il se perd quatre-vingt-huit bâtiments par an. En supposant que le tiers seulement de ces naufrages tienne aux erreurs de l’estime, ce serait porter remède à un mal très-grave que de donner aux marins les moyens de s’en garantir. Au reste, les méthodes nautiques communes, auxquelles je voudrais voir substituer des moyens plus scientifiques ont été caractérisées comme elles le méritent par des marins dont le nom ne peut manquer d’avoir une grande autorité dans cette Chambre.

Voici de quelle manière, par exemple, M. Fleurieu parle de l’estime.

« Puissent mes comparaisons faire sentir à nos navigateurs que l’estime n’est qu’un moyen subsidiaire dont il n’est plus permis de faire usage que lorsqu’il n’est pas possible de chercher dans le ciel la position qu’occupe le vaisseau sur la terre.

« Ce n’est que par le secours des observations astronomiques qu’on peut parvenir à rectifier les erreurs inévitables de l’estime de la route ; estimation arbitraire qui n’est fondée sur aucun principe solide.

« Les méthodes vulgaires de pilotage sont le tâtonnement des aveugles.

« On ne saurait trop inviter les navigateurs français à abandonner enfin la vieille routine et à employer les nouvelles méthodes qu’il n’est plus permis d’ignorer sans honte. »