Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 6.djvu/89

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deux circonstances d’où résulte, dans les petites places, la supériorité de l’attaque sur la défense, n’existeront pas en présence des fronts bastionnés de la fortification continue de Paris, puisque a raison de leur immense développement, ces fronts sont presque en ligne droite.

Ajoutons qu’on ne pourra pas attaquer Paris sur tous les bastions en même temps, et que les défenseurs auront la faculté de réunir sur un point donné, une artillerie plus nombreuse que celle de l’assiégeant ; que le remplacement des canons démontés se fera à l’intérieur avec infiniment plus de facilité que dans les parallèles. La supériorité de l’artillerie décidant presque tout dans les sièges, il est évident que l’ennemi ne parviendra pas à s’établir sur la crête des glacis de Paris, que jamais il ne sera en mesure de battre le rempart en brèche et de donner l’assaut.

Supposons cependant, par impossible, que la brèche existe, qu’elle soit praticable, qu’une colonne d’attaque s’y présente pour donner l’assaut. Cette colonne sera arrêtée tout court ; pas un seul de ses hommes n’y montera sans être tué, pourvu que l’assiégé, au lieu de recourir comme moyen de défense aux feux intermittents de l’artillerie, à des obus, à des grenades, se serve d’une arme nouvelle, médiocre peut-être en rase campagne, mais ici d’un effet immanquable. Je veux parier du fusil a vapeur entrevu par Papin, exécuté par M. Girard, et perfectionné par Perkins, ou de celui de mon ami M. l’ingénieur Perrot, de Rouen. L’un et l’autre de ces fusils projettent à volonté un flux de balles plus rapides que celles du fusil ordinaire, et telle-