Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 6.djvu/91

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difficulté n’existerait pas ; à Paris tes moyens d’exécuter les retranchements intérieurs ne manqueraient jamais, et l’assiégeant ne serait pas au terme de ses efforts après avoir atteint la crête du parapet. Il devrait encore s’établir dans la largeur si restreinte de la brèche, avec les moyens d’artillerie nécessaires pour emporter le retranchement. Ce serait à décourager les plus hardis, les plus patients. Voyez Condé à Lerida, en 1647. Aucun obstacle ne l’avait arrêté ; il découvre enfin que, depuis l’ouverture de la tranchée, le gouverneur, M. de Britt, a fait élever vers le point d’attaque un retranchement intérieur en maçonnerie à l’épreuve du canon, et le siège est levé. On trouvera un exemple non moins remarquable du découragement que font éprouver aux assiégeants les retranchements intérieurs élevés en face des brèches, dans la relation que M. de Salignac nous a laissée du siège de Metz par Charles-Quint, en 1552. « Les ennemis, dit l’auteur dans son langage naïf, voyant renverser la muraille jetèrent un cry et firent démonstrations d’une grande joye, comme s’ils étoient arrivés à bout d’une partie de leur entreprise. Mais quand la poussière abattue leur laissa voir le rempart déjà de huit pieds par-dessus la brèche, encore que bien raz et large, ils eurent a rabattre beaucoup du compte qu’ils avoient fait, sans estendre plus avant cette grande rizée qui ne s’entendit plus. » Le siège fut levé.

En résumé, les faces de la fortification continue de Paris ne seraient pas ricochables ; l’artillerie de l’assiégé demeurerait toujours supérieure à celle de l’assiégeant ; celui-ci ne pourrait pas faire brèche au corps