Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 8.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

inférieures de l’atmosphère se chargent de toute l’humidité que leur température comporte ; on dit alors de ces couches qu’elles sont saturées. La quantité d’humidité, nous l’avons déjà remarqué, que l’air renferme quand il est saturé, est constante pour chaque température. Si de l’air saturé se refroidit par le contact d’un corps solide, il dépose sur la surface de ce corps une portion de son humidité mais quand le refroidissement s’opère au sein même de la masse gazeuse, l’humidité abandonnée se précipite en petites vésicules creuses, flottantes, qui troublent sa transparence ce sont ces vésicules qui constituent les nuages et les brouillards.

Ces principes posés, supposons qu’une circonstance quelconque, une petite déclivité du sol, par exemple, un léger souffle de vent amène, la nuit, l’air du rivage à se mêler avec l’air qui repose sur une rivière ou sur un lac : le premier, qui est le plus froid, refroidit le second ; celui-ci abandonne aussitôt une partie de l’humidité qu’il renfermait et qui d’abord n’altérait pas sa diaphanéité, mais cette humidité tombant à l’état de vapeur vésiculaire, l’air se trouble, et quand le nombre des vésicules flottantes devient très-considérable, il en résulte un brouillard épais. Voici quelques observations à l’appui de cette théorie.

Les 9, 10 et 11 juin 1818, par un ciel serein, sir Humphry Davy, qui descendait le Danube près de Ratisbonne, reconnut que le brouillard se montrait le soir sur le fleuve quand la température de l’air, à terre, était de à centigrades au-dessous de celle de l’eau. Le matin. ce même brouillard se dissipait au contraire dès que la