Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 8.djvu/241

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près de cette ville), et qu’ils y burent le vin muscat du pays. Le raisin muscat ne mûrit pas assez maintenant dans le Mâconnais pour qu’on puisse en faire du vin.

L’empereur Julien faisait servir à sa table du vin de Surène. La réputation du vin de Surène est aujourd’hui proverbiale, mais tout le monde sait dans quel sens. Au reste, je n’attache pas à ce dernier rapprochement plus d’importance qu’il ne mérite. La qualité du vin dépend trop en effet de la nature du plant et des soins du cultivateur, pour qu’elle puisse fournir des arguments sans réplique dans la question des changements de climat.

On trouve, dans une vieille charte citée par M. Capefigue, que Philippe-Auguste ayant voulu choisir parmi tous les vins d’Europe celui qui ferait sa boisson habituelle, les vignerons d’Étampes et de Beauvais se présentèrent au concours. La charte ajoute, il est vrai, qu’on les rejeta ; mais peut-on supposer qu’ils auraient eu la hardiesse de se présenter si leurs vins avaient été aussi peu potables que le sont, à notre époque, tous ceux du département de l’Oise ? Ce département marque aujourd’hui la limite septentrionale en France de la culture de la vigne. Le Compte rendu de l’administration des contributions indirectes pour 1830 porte, en effet, qu’il ne s’est pas récolté de vin dans le département de la Somme. Or, ce n’est pas dans la région où une culture est à peine possible qu’on a jamais pu obtenir des produits passables.

Lorsque l’empereur Probus permit aux Espagnols et aux Gaulois de planter des vignes, il accorda la moins faveur aux habitants de l’Angleterre. La faveur aurait été