Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 8.djvu/292

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en Prusse fut moindre qu’à Paris. Il commença à geler, dans les environs de Londres, le jour de Noël, et la gelée dura jusqu’à la fin de mars ; le plus grand froid observé fut le 14 janvier de au collège de Gresham. À Berlin, les 9 et 10 janvier, on eut (Van Swinden, Journal de physique, t. XXXIV.) La Meuse fut prise à Namur à de profondeur, et le thermomètre descendit à L’Èbre, en Espagne, fut glacé. Le 8 avril la Baltique était encore couverte de glaces aussi loin que la vue, aidée de lunettes, pouvait s’étendre.

Les effets de ce froid extraordinaire sur les hommes, les animaux, les végétaux et les récoltes en terre sont décrits dans divers Mémoires de l’époque. Plusieurs espèces de petits oiseaux et d’insectes furent presque anéantis en Angleterre et dans le nord du continent ; Derham compte jusqu’à vingt espèces d’oiseaux de la zone glaciale qui furent vus et tués sur les côtes d’Angleterre. Un grand nombre de voyageurs succombèrent aux atteintes de la gelée, et le bétail périt dans plusieurs provinces. Beaucoup d’arbres forestiers furent gelés jusqu’à l’aubier, et, vingt ou trente ans plus tard, on retrouvait dans la coupe d’un vieux tronc la marque de la cicatrice de 1709 (faux aubier). Les lauriers, les cyprès, les chênes verts, les oliviers, les châtaigniers, les noyers les plus vieux et les plus forts moururent en grand nombre. (Buffon, Duhamel du Monceau.) Ce qui mit le comble aux désastres, c’est le dégel de sept ou huit jours qui intervint : la séve se mit en mouvement dans les plantes, et lorsque la gelée reprit avec intensité, tout fut anéanti. La Provence perdit ses orangers et ses oliviers. Du 9 au 11 janvier, on eut à Montpellier un froid de Le 12 le dégel arriva subitement les feuilles des oliviers se flétrirent, le bois des branches sécha, l’écorce sphacélée se détacha du tronc. (De Gasparin.) La vigne disparut dans plusieurs parties de la France ; les jardins et les vergers furent dépouillés de leurs arbres fruitiers. Beaucoup de pommiers parurent n’être pas morts ; ils poussèrent des feuilles et des fleurs et moururent, ensuite ; d’autres succombèrent l’année suivante. Les blés eux-mêmes souffrirent tellement qu’une famine et une mortalité inouïes succédèrent bientôt à ces calamités. Voici ce que consigna à ce sujet, dans le registre de sa paroisse, le curé de Feings, près de Mortagne  : « Le lundi 7 janvier commença une gelée qui fut ce jour-là, la plus rude journée et Paddy