Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 8.djvu/332

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une si formidable débâcle à regretter que des pertes relativement peu graves  : l’établissement de blanchisserie de la Sirène coulé bas par les glaces, plusieurs bateaux marnois, quelques légères embarcations, une portion de l’estacade des bains Vigier, celle de la gare de Grenelle, deux arches du pont du Pecq à Saint-Germain et une pile du pont de Fontainebleau à Melun. La retenue des glaces à Choisy-le-Roi avait heureusement beaucoup amorti les effets de la débâcle et de l’inondation. La crue ne fut que de à l’échelle du pont de la Tournelle. Le lendemain 27 elle n’était plus que de mètres. La seconde débâcle, en février, n’occasionna presque aucun accident.

L’énumération des fleuves et des rivières qui furent congelés serait trop longue ; il suffira de citer les faits les plus saillants. La Meuse charria dès le 8 décembre et fut fermée entièrement le 28 ; la débâcle eut lieu le 22 janvier ; la rivière se referma le 30 et ne fut rouverte que le 9 février. Le 10 janvier, devant Schiedam, la glace de cette rivière se rompit au moment où plus de quatre cents personnes étaient dessus ; deux individus seulement périrent. – Le Rhin fut pris en plusieurs points et notamment le 2 février à Brisach. Les glaces de ce fleuve, après avoir longtemps battu les soutlens du pont de Strasbourg, en enlevèrent une partie, de sorte que toute communication se trouva interrompue entre cette ville et Kehl. – L’Inn fut gelé jusqu’à Hall. – Le lac de Genève fut pris près de cette ville du 3 au 8 février  : on l’avait traversé des Paquis aux Eaux-Vives dès le 29 décembre ; la congélation s’étendit jusqu’à la ligne qui va de Sécheron à Montalegre. – La Loire, la Vienne, l’Orne gelèrent. – Dans le Midi la Garonne, la Dordogne, la Durance, le canal des deux mers furent pris, et l’on passa le Rhône sur la glace : la débâcle de ce fleuve détruisit deux arches du pont d’Avignon situé sur la grande branche, et à la seconde débâcle deux usines furent emportées près de Lyon. La Saône fut congelée à deux reprises. Du côté de Bayonne on patina sur l’Adour et la Nive. Dans le port de Bordeaux les bâtiments souffrirent beaucoup des glaces. – Le port d’Odessa dans la mer Noire fut pris dès le 8 décembre. – La débâcle du Danube et de ses affluents, et les débordements produits par la fonte des neiges, furent si graves en Allemagne que des ponts furent rompus, des faubourgs dévastés ; trente cadavres furent retrouvés le 4 mars.

Les rigueurs du froid sont caractérisées par les faits sui-