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chements qu’on vient de lire, qu’il a existé anciennement des noyaux de comète assez grands et assez opaques pour nous dérober complétement la lumière solaire.

Nous manquerions également de données positives pour rechercher si l’éclipse surnaturelle de Soleil, arrivée le jour de la mort de Jésus-Christ, fut occasionnée par une comète ; je dis une éclipse surnaturelle, car la Lune était alors dans son plein, et éclairait une région du ciel diamétralement opposée à celle où elle doit se trouver, pour qu’elle puisse s’interposer entre le Soleil et la Terre.

Les historiens rapportent que le ler mai 1184, vers la sixième heure du jour, la partie inférieure du Soleil fut totalement obscurcie ; tout le reste du disque était pâle ; on voyait au milieu comme une poutre qui le traversait. Pour expliquer ce phénomène, on a supposé qu’une comète s’était placée entre le Soleil et la Terre.

Toutes les cométographies rapportent, d’après Georges Phranza, grand maître de la garde-robe des empereurs de Constantinople, que, durant l’été de l’année 1454, une comète s’avança graduellement vers la Lune et l’éclipsa. Ce serait là une preuve d’opacité d’un noyau de comète tellement évidente, que je ne manquerais pas de la citer ici, s’il n’avait été établi par la publication de la chronique originale, que la version latine du jésuite bavarois Pontanus, sur laquelle les cométographes s’étaient appuyés, renfermaient un contre-sens. Voici le vrai passage traduit mot à mot : « Chaque soir, aussitôt après le coucher du Soleil, on voyait une comète semblable à un sabre droit, et s’approchant de la Lune. La nuit de la pleine Lune étant venue, et alors une éclipse