Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 2.djvu/528

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pas à des objections moins solides. Avec tout ce que nous savons aujourd’hui des propriétés du calorique, on aurait, en effet, beaucoup de peine à comprendre qu’un corps planétaire dût employer 50 000 années à perdre ce qu’il aurait acquis dans un court intervalle de temps. Au surplus, afin de mettre tout au pis, supposons la perte complète ; supposons qu’à l’aphélie toute la chaleur du périhélie se soit déjà dissipée. La comète et la Terre n’en éprouveront pas pour cela un de ces froids qui effraient l’imagination. Elles seront à la température de l’espace environnant. Un thermomètre placé à leurs surfaces y marquera 50° au-dessous de zéro ; car, à moins de changements physiques dont nous faisons ici complétement abstraction, un corps ne peut jamais devenir plus froid que l’espace qui l’environne, et avec lequel il est en communication continuelle par voie de rayonnement.

En 1820, le capitaine Franklin et ses compagnons de voyage, endurèrent, au Fort-Entreprise, des froids de 49°,7 centigrades au-dessous de zéro. La température moyenne du mois de décembre y fut de -35°. D’une autre part, les personnes qui voudront bien se reporter à la Notice que j’ai consacrée aux températures des différentes espèces d’animaux, verront qu’il est démontré par l’expérience que sous certaines circonstances hygrométriques, l’homme peut supporter une chaleur de 130° centigrades, une chaleur de 30° supérieure à celle de l’ébullition de l’eau. Ainsi, rien n’établit que si la Terre devenait un satellite de la comète de 1680, l’espèce humaine disparaîtrait par des influences thermométriques.