Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 3.djvu/114

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du Rhône, proviennent de la pointe d’Ornex, qui forme comme le promontoire septentrional de la chaîne du Mont-Blanc. Un énorme courant venant de cette pointe, et se précipitant avec impétuosité par la vallée du Rhône, c’est-à-dire par le bas Valais, a pu rouler avec ses eaux d’énormes rochers, les faire même remonter jusqu’à d’assez grandes hauteurs, sur les flancs du Jura qui se présentaient à son cours comme une sorte de digue.

En atteignant l’embouchure de l’étroite vallée du Rhône, le courant dut se dilater. Ses eaux boueuses perdirent alors une partie d’autant plus notable de leur force d’impulsion, qu’elles s’écartèrent davantage de leur direction primitive. De là, le moindre nombre et la moindre hauteur des blocs, à mesure qu’on s’éloigne de la région à laquelle la vallée correspond directement.

Ce n’est pas ici le lieu d’insister sur les difficultés de plus d’un genre qu’on pourrait opposer à l’explication que je viens d’indiquer. Je dois me contenter de faire remarquer que les vallées de l’Aar, de la Limmat, ont servi également à charrier au loin des roches alpines provenant des montagnes du Grindelwald et du canton de Glaris ; que les plaines du nord de l’Europe, près d’Anvers, de Breda, de Groningue, de Munster, de Leipzig ; que les plaines de la Pologne prussienne et de la Russie présentent aussi une grande quantité de roches éparses, composées d’une sorte de granite feuilleté et rubané, ou d’un gneiss à mica écailleux ; que des roches de cette nature n’existent pas dans les montagnes voisines de la Saxe et de la Silésie ; qu’on les trouve seulement dans la presqu’île scandinave, en sorte que, malgré tout ce qu’une