Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 3.djvu/133

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dès les premiers jours de l’apparition, le 10 et le 11 juillet, par exemple, la colonne qui s’élevait du centre de l’île, brillait la nuit d’une lumière continue et très-vive ; le prince comparait ce phénomène au bouquet de nos feux d’artifice.

Au commencement d’août, cette même colonne de poussière répandait encore une lumière, sinon aussi forte que le disait le prince Pignatelli, du moins bien visible. Nous avons pour garants de ce fait, le capitaine Irton et le docteur John Davy. Le 5 août, il est vrai, Davy s’étant trouvé, à quelque distance de l’île, dans une région où la poussière impalpable entraînée par les vents tombait en abondance, reconnut en la recevant sur sa main qu’elle n’était pas chaude ; mais il suffira de se rappeler avec quelle rapidité les corps très-ténus, très-minces, des fils métalliques incandescents, par exemple, prennent la température de l’air, pour n’être point tenté de déduire de la remarque de Davy la conséquence que toutes les déjections terreuses du cratère, que celles-là même, qui en retombant verticalement, ajoutaient sans cesse à la masse visible de l’îlot, étaient froides. Et d’ailleurs, pendant deux mois entiers on pouvait à peine cheminer sur l’îlot, tant les scories et les sables qui la formaient étaient chauds.

Si la partie immergée du nouvel îlot avait été engendrée par la superposition de matières incandescentes ou du moins de matières très-chaudes, comme le fut la partie extérieure, elle n’aurait pas manqué d’échauffer la mer jusqu’à une certaine distance ; ainsi, en approchant de l’îlot, un thermomètre plongé dans l’eau de mer,