Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 3.djvu/137

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qu’en peu d’heures de vastes étendues de terrain sont sorties de leur niveau primitif ; je vais compléter le tableau en citant, en Europe même, un grand pays, la Suède et la Norvége, dont le sol s’élève aussi, mais graduellement, au-dessus de la mer.

Il existe, dans le nord de la mer Baltique, ou dans le golfe de Bothnie, sur des rochers dont la mer vient encore baigner le pied, des marques invariables, qu’on observe de temps en temps et qui montrent que, relativement à ces marques, le niveau des eaux s’abaisse graduellement.

Pour expliquer ce phénomène, il faut ou que les rochers montent avec tout le terrain dont elles font partie, ou que le niveau de la mer descende. Cette dernière hypothèse n’est pas admissible, car alors l’abaissement serait aussi sensible dans le nord de l’Allemagne qu’en Suède, résultat contredit par les observations. Le sol de la Scandinavie monte donc !

Quelle est la valeur séculaire de ce mouvement ? Est-il uniforme, croissant ou décroissant ? Les circonstances climatologiques en modifient-elles la valeur ? ou cesse-t-il d’être sensible ? Toutes ces questions sont loin d’être parfaitement résolues.

La mer Baltique n’est pas sujette au flux et au reflux de l’Océan. Cependant, son niveau peut varier de quelques mètres, suivant que les vents viennent à souffler dans telle ou telle direction, suivant que ces vents font entrer ou sortir d’immenses fleuves d’eau par le Sund. Or, rien ne prouve qu’aux instants où l’on traça jadis sur les rochers les marques qui aujourd’hui servent de repères, la mer était exactement dans son état moyen. On