Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 3.djvu/208

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La réfraction varie d’intensité avec les différents corps. Quelle est-elle pour les divers états de l’air ? Il est extrêmement difficile de mesurer exactement le pouvoir réfractif de l’air par des expériences directes ; aussi les géomètres et les astronomes ont mieux aimé le déduire pendant longtemps d’un grand nombre d’observations faites sur les hauteurs apparentes des astres comparées à leurs positions réelles. Cependant Hauksbée, sur l’invitation de Newton, a fait en Angleterre quelques expériences sur ce sujet en regardant un objet éloigné à travers un prisme qui était successivement vide et rempli d’air, et en mesurant l’écart de ses positions apparentes dans les deux circonstances. On comprend que cet écart fait connaître la déviation éprouvée par le rayon lumineux. Toutefois le prisme employé par Hauksbée n’ayant qu’un très-petit angle réfringent ne produisait qu’une réfraction pareillement très-petite. En outre, les différences de hauteur de l’objet ne pouvaient pas être appréciées avec une grande exactitude, et on ne savait pas tenir compte à cette époque des changements de température et de pression, puisque le thermomètre et le baromètre n’étaient pas encore employés. Aussi la force réfringente de l’air n’avait pas été déterminée avec une précision suffisante pour qu’on pût l’employer dans les observations astronomiques. Les expériences de Hauksbée prouvaient seulement que l’air a un pouvoir réfractif à peu près proportionnel à sa densité. Borda reprit la question pour appliquer à sa solution les méthodes perfectionnées que les progrès des sciences avaient suggérées, depuis le temps de Newton, mais il mourut avant de terminer ses