Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 3.djvu/265

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plus considérable que l’élévation des plus hautes montagnes, les matières connues pour leur plus grande résistance à la fusibilité, doivent être en fusion. En effet, dans une lettre de M. Mitscherlich à mon ami Alexandre de Humboldt, je lis : « Les températures auxquelles les substances métalliques entrent en fusion ont été très-exagérées. La flamme de l’hydrogène brûlant dans l’air n’a que 1 560 degrés centigrades. Dans cette flamme le platine entre-en fusion. Le granite fond à une température inférieure à celle du fer doux ; il fond à peu près à 1 300° ; l’argent fond à 1 023°. En supposant un accroissement de 0°,033 par chaque mètre de profondeur, on trouve à 40 000 mètres une température de 1 320°. Alors le granite est un liquide. »

Ainsi 40 000 mètres, telle est la mesure approchée de l’épaisseur de l’écorce terrestre. Une telle conséquence déduite d’observations qui, malheureusement, ne s’appliquent encore qu’à une trop faible profondeur, 650 mètres environ, suffit pour rendre compte de la réaction exercée contre les parties faibles de l’enveloppe solide de notre planète, par les matières fluides intérieures ; l’existence des volcans s’explique sans peine.

Toutefois, l’accroissement de la chaleur que démontre l’observation, lorsqu’on pénètre dans la Terre, ne peut-il pas provenir d’une tout autre cause que celle de l’origine ignée de notre globe ? Les torrents de chaleur que le Soleil lance depuis tant de siècles, n’auraient-ils pas pu se distribuer dans la masse de la Terre, de manière à y produire des températures croissantes avec la profondeur ? C’est une question capitale qui a été admirable-