Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 3.djvu/33

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planète a sa sphère ; le Soleil et la Lune ont les leurs.

Suidas disait que les Babyloniens faisaient cuire des œufs en les faisant tourner rapidement dans une fronde. Le mouvement de rotation de la Terre étant plus rapide que celui d’une fronde, quelques auteurs avaient tiré de l’anecdote de Suidas la conséquence que la Terre ne tournait pas ; en effet, disaient-ils, si notre globe tournait, chaque point de la surface devrait s’échauffer par le frottement de l’atmosphère, comme les œufs des Babyloniens. Mais l’atmosphère tournant comme la Terre qui l’enveloppe, l’objection est sans valeur et ne mérite aucune attention.

Voici comment s’explique Sénèque sur le grand problème de la rotation de la Terre :

« Il importe d’examiner si la Terre est immobile au centre du monde, ou si, le ciel étant immobile, la Terre tourne sur elle-même. Des auteurs ont dit que la Terre nous entraîne sans que nous nous en apercevions, et que c’est notre mouvement qui produit les levers et les couchers apparents des astres. C’est un objet bien digne de nos contemplations que de savoir si nous avons une demeure paresseuse, ou si au contraire elle est douée d’une excessive vitesse, si Dieu fait tout tourner autour de nous ou s’il nous fait tourner nous-même. »

Une opinion assez généralement répandue fait de l’auteur de l’Almageste un partisan décidé des sphères de cristal d’Aristote, mais c’est une erreur. Ptolémée ne se prononce pas à ce sujet dans son grand ouvrage ; pour lui, les orbites et les épicycles sont de simples lignes ; il ne les doue nulle part d’une consistance matérielle.