Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 3.djvu/459

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Lorsqu’il fallut donner des noms aux taches diverses que sa carte renfermait, Hévélius hésita, comme il le raconte lui-même, entre les noms des personnages célèbres et ceux des diverses contrées du monde connues alors. Il avoue ingénument qu’il renonça à prendre les noms d’homme, de crainte de se faire des ennemis de ceux qui auraient été totalement oubliés ou qui auraient trouvé qu’on leur faisait une trop petite part. Il se décida donc à transporter dans la Lune nos mers, nos villes, nos montagnes. Riccioli montra plus de hardiesse, et dans la carte qui fut le fruit des observations de son collaborateur et ami, Grimaldi, il adopta la nomenclature à laquelle Hévélius avait renoncé. On a adressé à cet astronome le reproche d’avoir fait une trop grande part à ses confrères de la Compagnie de Jésus et de s’être placé lui-même parmi les savants favorisés. Mais la postérité n’a pas tenu compte de cette insignifiante inconvenance, et la nomenclature de Riccioli a prévalu.

On trouve encore dans le commerce une grande carte de la Lune, que Cassini fit graver d’après ses propres observations, vers la fin du xviie siècle.

Des réductions de cette carte ont été publiées dans divers ouvrages, entre autres dans le Traité d’astronomie de Lalande et dans la Connaissance des Temps.

Le cuivre de la grande carte de Cassini était conservé à l’Imprimerie royale, mais il fut vendu à un chaudronnier, m’a dit mon confrère Rouvard, à une époque où le directeur de cet établissement national jugea à propos de se débarrasser d’une portion du matériel qui encombrait ses magasins.