Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 3.djvu/512

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« certaines fulminations ou vibrations instantanées de rayons lumineux, comme si on avait mis le feu à ces traînées de poudre dont on se sert pour faire jouer les mines. » … « Ces éclats de lumière ne duraient qu’un instant et paraissaient tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre, mais surtout du côté de l’immersion. »

Louville n’a vu les éclats de lumière que vers le bord oriental, d’autres prétendent en avoir remarqué jusqu’au centre ; l’opinion de cet observateur est qu’il y avait pendant l’éclipse des orages dans l’atmosphère lunaire, et que les lumières serpentantes qu’il apercevait étaient des éclairs analogues à ceux qui sur la Terre précèdent toujours le tonnerre.

Avec toute la déférence qui est due à un observateur aussi distingué que l’était Louville, et avec tout le respect qu’un astronome doit professer pour Halley, à côté duquel ces observations furent faites, ne pourrait-on pas imaginer que ces lueurs droites ou serpentantes étaient nées dans notre atmosphère, et qu’elles se projetaient seulement sur la Lune ?

Les astronomes qui, en observant le Soleil, ont remarqué combien il passe fréquemment des objets lumineux dans le champ de la vision, ne trouveront pas mon doute illégitime. Il y a des étoiles filantes de toutes les grandeurs ; ces phénomènes existent le jour comme la nuit. Eh bien, les traînées lumineuses, aperçues par Louville et Halley en 1715, n’étaient-elles pas de très-petites étoiles filantes ? La forme serpentante ne serait pas une objection, car on a vu quelquefois des étoiles filantes parcourir des trajectoires sinueuses.