Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 4.djvu/114

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grandes marées, sans plus d’inquiétude sur le résultat que s’il s’agissait des phases d’une éclipse.

Il existe entre les phénomènes du flux et du reflux de la mer, et les actions attractives que le Soleil et la Lune exercent sur la nappe liquide qui recouvre environ les trois quarts du globe, une liaison intime, nécessaire, d’où Laplace, en s’aidant de vingt années d’observations de l’heure et de la hauteur de la marée à Brest, a pu réciproquement faire surgir une valeur très-approchée de la masse de notre satellite. Nous ne connaissons qu’un moyen d’ajouter à l’admiration profonde que tous les esprits attentifs éprouveront sans doute pour des théories susceptibles de pareilles conséquences. Une citation historique nous le fournira : nous rappellerons qu’en 1631, dans ses célèbres Dialogues, l’illustre Galilée était tellement éloigné de prévoir les liaisons mathématiques d’où Laplace a déduit des résultats si beaux, si évidents, si utiles, qu’il taxait d’ineptie la vague pensée que Kepler avait eue, d’attribuer à l’action lunaire une certaine part dans les mouvements journaliers et périodiques des flots de la mer. Kepler expliquait le flux et le reflux de l’Océan par les changements diurnes que la rotation de la Terre, combinée avec sa révolution autour du Soleil, produit dans le mouvement absolu de chaque molécule liquide. Le grand Newton fit jaillir la lumière de cet aperçu de Kepler en rattachant le premier le flux et le reflux des eaux de la mer à sa théorie de l’attraction universelle. Newton considéra la mer comme un fluide de même densité que la Terre ; il supposa qu’il la recouvre complétement, et alors il montra que ce fluide doit prendre sous