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CHAPITRE XXIV

les climats ont-ils été intervertis par des bouleversements récents ?


Toutes les régions de l’Europe renferment, soit dans les cavernes de leurs montagnes, soit à des profondeurs médiocres dans certaines natures de terrains, des ossements appartenant à des espèces d’animaux tels que des rhinocéros, des éléphants, etc., qui, aujourd’hui, ne pourraient pas supporter le froid de nos climats. Il faut donc supposer ou que l’Europe, dans la suite des siècles, s’est considérablement refroidie, ou que pendant l’un des violents cataclysmes dont notre planète a été le théâtre, des courants, dirigés du midi au nord, ont entraîné avec eux les restes d’un grand nombre d’espèces d’animaux actuellement détruites.

Deux événements remarquables sont venus montrer que cette dernière explication avait besoin d’être modifiée pour devenir suffisante. L’un est la découverte faite en Sibérie dans l’année 1771, sur les bords sablonneux du Wilhoui, à quelques mètres de profondeur, d’un rhinocéros si parfaitement conservé, qu’il était encore couvert de ses chairs et de sa peau ; l’autre, la découverte postérieure et plus curieuse encore, faite en 1799, sur les bords de la mer Glaciale, près de l’embouchure du Léna, d’un énorme éléphant, renfermé dans un massif de boue gelée, et dont les chairs étaient si peu altérées, que les Iakoutes du voisinage le dépecèrent pour en nourrir leurs chiens. Ici toute idée de courant, de transport, de long