Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 4.djvu/739

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Court de Gébelin voyait dans la longueur fractionnaire de l’année un fait en désaccord inique avec l’harmonie dont les autres phénomènes célestes lui paraissaient empreints. Il se persuadait qu’à l’origine les choses étaient autrement et mieux ; comme Whiston, il soutenait qu’avant le déluge l’année tropique se composait de 360 jours, ni plus ni moins ; que le Soleil se déplaçait alors de 1 degré par jour ; qu’à chaque mois correspondait exactement un mouvement de 30 degrés. La catastrophe d’où résulta le déluge altéra les anciens rapports simples de 1 à 30 et de 1 à 360. De cette époque datent les rapports fractionnaires, bases du calendrier moderne.

Gébelin enregistrait ces changements parmi les punitions qui furent infligées à l’espèce humaine pour ses crimes. En relevant, à l’exclusion de la Vulgate et du texte hébreu, sur certaines versions de la Bible, coptes, arméniennes, etc., les dates de jours, de mois, énoncées dans le récit du déluge, l’ardent érudit croyait avoir fait sortir sa théorie du domaine des simples conjectures.

Goguet allait plus loin : suivant lui, l’année n’était encore que de 360 jours du temps de Moïse. Goguet expliquait ainsi pourquoi le législateur des Juifs, parlant des temps antédiluviens, ne fit pas remarquer que ses calculs, fondés sur une année de 360 jours, n’auraient plus été applicables aux époques qui suivirent ; mais il ne disait pas comment un changement si grave dans le cours des astres se serait opéré sans commotion physique sensible.

Veut-on savoir, au surplus, combien il y avait de vague, d’incertitude dans les récits sur lesquels Court de Gébelin et Goguet croyaient pouvoir se fonder pour dé-