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Page:Arago - Souvenirs d’un aveugle, nouv. éd.1840, t.2.djvu/348

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souvenirs d’un aveugle.

exactement de son importance lorsqu’elle n’était ni élevée au-dessus de sa hauteur ordinaire par des débordements ni resserrée dans ses limites naturelles par les sécheresses d’été. On pourra se former une idée de sa grandeur après qu’elle a reçu les courants d’eau que nous avions traversés, outre ceux qu’elle est susceptible de recevoir encore de l’est (qui, d’après la hardiesse et la hauteur du pays, doivent être, ce me semble, au moins en aussi grand nombre que ceux qui viennent du sud), quand on saura qu’à cet endroit elle surpassait en largeur et en profondeur apparente le Hawkesbury à Windsor, et que beaucoup de ses bras étaient plus grands et plus étendus que celui que l’on admire sur le fleuve Népeau, depuis le Warragamba jusqu’aux plaines Ému.

« Résolus de nous tenir aussi près que possible de la rivière pendant le reste de notre route vers Bathurst, et tâchant de déterminer au moins dans l’ouest quelles sont les eaux qui s’y jettent, nous continuâmes le 22 à la remonter entre le point de départ et Bathurst ; nous traversâmes les sources d’une foule d’eaux courantes, qui toutes se jetaient dans la Macquarie ; deux de ces courants étaient presque aussi larges que cette rivière elle-même à Bathurst. Le pays d’où toutes ces eaux tirent leur source était montagneux et irrégulier, et paraissait également l’être sur la côte orientale de la Macquarie.

« Telle était la physionomie du pays jusque dans le voisinage immédiat de Bathurst ; mais à l’ouest de cette étendue de montagnes, la terre était couverte de collines peu élevées, et produisant de l’herbe, ainsi que de belles vallées arrosées par des ruisseaux prenant leur source sur le côté occidental des montagnes qui, dans le côté oriental, jettent leurs eaux directement dans la Macquarie. Ces courants, situés sur le côté occidental, me semblèrent se joindre à celui que j’avais pris au premier abord pour la Macquarie, et se jeter, lorsqu’ils se sont joints, dans cette rivière au point où nous la découvrîmes d’abord le 19 du courant. Nous arrivâmes hier soir ici, sans qu’aucun homme faisant partie de l’expédition eût éprouvé le moindre accident depuis notre départ, après avoir parcouru, depuis Bathurst, un espace d’environ mille milles entre les parallèles de 34° 30′ S. et de 32° S., et entre les méridiens de 149° 29′ 30″ E. et de 143° 30′ E.

« Ma lettre, datée du 22 juin dernier, a fait connaître à Votre Excellence les grandes espérances que m’avait fait concevoir l’apparence de la rivière Macquarie, à l’égard de la manière dont elle se termine ; je m’attendais à la voir se jeter dans des eaux intérieures ou s’étendre jusqu’à la côte. Quand j’écrivis cette lettre à Votre Excellence, je ne prévoyais certainement pas que quelques jours de plus nous conduiraient à son extrémité navigable.

« Le 28 juin, ayant tracé son cours, sans la plus petite diminution ou addition, à environ soixante-dix milles dans le nord-nord-ouest, une