des lions, vous qui n’avez étudié ces redoutables quadrupèdes qu’au sein des ménageries et dans des cages solidement bardées de fer. Ce qu’il faut au lion, ce qu’il faut au tigre son rival, c’est de l’air, c’est de l’espace. Là, mais là seulement, ils marchent, ils courent, ils bondissent, ils trônent. La baguette du gardien les maîtrise dans leur prison ; au désert, une armée ne les fait point reculer ; Voyez ces deux monarques se promenant avec gravité dans leurs domaines ; on devine au premier coup d’œil leur force, leur puissance et presque leur caractère. Autour du lion et du tigre royal il y a toujours une odeur de sang qui s’échappe au loin et épouvante les populations ; le massacre est derrière eux, et devant eux encore sont des victimes, des lambeaux de chair et des ossements broyés. Le lion tue et laisse là sa proie s’il n’est point aiguillonné par la faim. Quant au tigre, il a beau s’être repu, il tue, il mâche, il triture, il se roule dans le sang, et ne s’en va que vaincu par la lassitude ou l’appât d’un nouveau triomphe. Le tigre n’a pas même de générosité pour le cadavre. Nous descendions avec le flot sans jamais éloigner nos regards de cette riante et fraîche végétation des bords du Gange, du milieu de laquelle s’échappaient comme par enchantement des aiguilles aiguës ou des dômes réchauffés par un large soleil. Tout était calme et silencieux dans la rapide, barque, les courtes pagaïes des rameurs sifflaient seules sur les flots à
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