Page:Arago - Souvenirs d’un aveugle, nouv. éd.1840, t.3.djvu/36

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18 CHASSES. toute sa terrible étendue..... Un ennemi de plus va bientôt se dresser contre les hommes et les buffles. M. Pinto, témoin plusieurs fois de ces combats pleins de la passion la plus extravagante, avait essayé, à l’aide du fusil et même du bruit de l’artillerie, de mettre un frein à la turbulence des deux amans ; il m’a assuré que jamais il ne les avait vus s’émouvoir aux plus terribles vibrations. — Je suis certain, poursuivit-il, qu’au milieu de leurs plus intimes étreintes, le feu mis à la forêt vien- drait les atteindre sans qu’ils voulussent chercher à éviter le danger, Quelques Malais audacieux, conti- nua-t-il encore, ont osé dans ces momens terribles s’approcher des deux reptiles et les attaquer de leurs flèches empoisonnées. Nul, jusqu’à ce jour, n’a eu à se repentir de sa témérité. Au surplus, les observations scrupuleuses et fré- quentes du gouverneur de Dielhy n’ont jamais pu le conduire à la découverte de ce problème : à savoir si le boa qui vient de posséder est jaloux de sa compagne. Il pense que le constrictor l’est avant sa conquête et non après ; cela prouve qu’il n’y a point de reconnais- sance chez les serpens. Quoique plusieurs voyageurs aient assuré que le boa constrictor n’osait jamais affronter le passage des rivières, je puis encore, sur la foi de M. Pinto et de ses officiers, attester que non seulement le mons- trueux reptile s’attaque à ces obstacles, mais que souvent même il s’élance dans les flots océaniques