Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/429

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la tiare sous le nom de Sylvestre II, acquiert-il des titres plus réels lorsque, vers le milieu du IXe siècle, il fait résonner les tuyaux de l’orgue de la cathédrale de Reims à l’aide de la vapeur d’eau ? Je ne le pense pas : dans l’instrument du futur pape, j’aperçois un courant de vapeur substitué au courant d’air ordinaire pour obtenir la production du phénomène musical des tuyaux d’orgue, mais nullement un effet mécanique proprement dit.

Le premier exemple de mouvement engendré par la vapeur, je le trouve dans un joujou, encore plus ancien que l’orgue de Gerbert ; dans un éolipyle de Héron d’Alexandrie, dont la date remonte à cent vingt ans avant notre ère. Peut-être sera-t-il difficile, sans le secours d’aucune figure, de donner une idée claire du mode d’action de ce petit appareil ; je vais toutefois le tenter.

Quand un gaz s’échappe, dans un certain sens, du vase qui le renferme, ce vase, par voie de réaction, tend à se mouvoir dans le sens diamétralement contraire. Le recul d’un fusil chargé à poudre n’est pas autre chose : les gaz qu’engendre l’inflammation du salpêtre, du charbon et du soufre, s’élancent dans l’air suivant la direction du canon ; la direction du canon, prolongée en arrière, aboutit à l’épaule de la personne qui a tiré ; c’est donc sur l’épaule que la crosse doit réagir avec force. Pour changer le sens du recul, il suffirait de faire sortir le jet du gaz dans une autre direction. Si le canon, bouché à son extrémité, était percé seulement d’une ouverture latérale perpendiculaire à sa direction et horizontale, c’est latéralement et horizontalement que le gaz