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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/428

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qui m’attendent sans doute, car le passé est le miroir de l’avenir.

Question bien posée est à moitié résolue. Si l’on s’était rappelé ce dicton plein de sens, les débats relatifs à l’invention de la machine à vapeur n’auraient certainement pas présenté le caractère d’acrimonie, de violence, dont ils ont été empreints jusqu’ici. Mais on s’était étourdiment jeté dans un défilé sans issue en voulant trouver un inventeur unique là où il y avait nécessité d’en distinguer plusieurs. L’horloger le plus instruit de l’histoire de son art resterait muet devant celui qui lui demanderait, en termes généraux, quel est l’inventeur des montres. La question, au contraire, l’embarrasserait peu si elle portait, séparément, sur le moteur, sur les diverses formes d’échappement, sur le balancier. Ainsi en est-il de la machine à vapeur : elle présente aujourd’hui la réalisation de plusieurs idées capitales, mais entièrement distinctes, qui peuvent ne pas être sorties d’une même source, et dont notre devoir est de chercher soigneusement l’origine et la date.

Si avoir fait un usage quelconque de la vapeur d’eau donnait, comme on l’a prétendu, des droits à figurer dans cette histoire, il faudrait citer les Arabes en première ligne, puisque, de temps immémorial, leur principal aliment, la semoule, qu’ils nomment couscoussou, se cuit, par l’action de la vapeur, dans des passoires placées au-dessus de marmites rustiques. Une semblable conséquence suffit pour faire ressortir tout le ridicule du principe dont elle découle.

Gerbert, notre compatriote, celui-là même qui porta