Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/472

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

croire, l’adoption de chaque nouvelle machine ajoute inévitablement au malaise, à la misère des artisans. Ces merveilleuses combinaisons mécaniques, que nous sommes habitués à admirer dans la régularité et l’harmonie de leurs mouvements, dans la puissance et la délicatesse de leurs effets, ne seraient que des instruments de dommage ; le législateur devrait les proscrire avec une juste et implacable rigueur.

Les opinions consciencieuses, alors surtout qu’elles se rattachent à de louables sentiments de philanthropie, ont droit à un examen attentif. J’ajoute que, de ma part, cet examen est un devoir impérieux. J’aurais négligé, en effet, le côté par lequel les travaux de notre illustre confrère sont le plus dignes de l’estime publique, si, loin de souscrire aux préventions de certains esprits contre le perfectionnement des machines, je ne signalais de tels travaux à l’attention des hommes de bien comme le moyen le plus puissant, le plus direct, le plus efficace de soustraire les ouvriers à de cruelles souffrances, et de les appeler au partage d’une foule de biens qui semblaient devoir rester l’apanage exclusif de la richesse.

Lorsqu’ils ont à opter entre deux propositions diamé-

    vriers m’adressent fréquemment, soit comme académicien, soit comme député ; malheureusement, les dissertations ex professo et assez récentes de divers économistes, ne me laissent aucun doute sur la nécessité de dire encore aujourd’hui, de répéter sous toutes les formes, que les machines n’ont jamais été la cause réelle et permanente des souffrances d’une des classes les plus nombreuses et les plus intéressantes de la société ; que leur destruction aggraverait l’état présent des choses ; que ce n’est nullement de ce côté qu’on trouverait le remède à des maux auxquels je compatis de toute mon âme.