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Page:Arbois de Jubainville - Cours de littérature celtique, tome 1.djvu/238

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Le roi des Pictes s’appelait Brudé[1]. Il y avait dans ses États plusieurs druides. Un d’entre eux était spécialement attaché à sa personne : le nom de ce druide était Broichan. Broichan fut l’adversaire principal de saint Columba. Je dis que c’était un druide : la vie latine de saint Columba par Adamnan, l’un de ses successeurs comme abbé d’Iova, donne à Broichan la qualification de magus ; mais nous avons vu que magus, dans les textes latins écrits par les clercs irlandais, est la traduction du substantif irlandais drui, génitif druad, datif druid.

Broichan comme ses confrères d’Irlande, avait à sa disposition une puissance surnaturelle. Ainsi, un jour, saint Columba veut faire un voyage sur mer : Broichan envoie un brouillard qui produit une obscurité complète, et il fait souffler un vent contraire. Il semblait impossible que le moine chrétien pût quitter le rivage. Son biographe nous le représente sur le bord de la mer, accompagné d’une suite nombreuse. Près de là est un groupe de druides venus pour jouir de son humiliation et pour en triompher. Columba adresse une prière à Dieu, monte dans la barque à son ordre, les matelots, après bien des hésitations, suspendent la voile au mât et con-

  1. Chez Bède, loco citato, « Bridius, filius Meilochon ; » chez Adamnan, auquel nous renvoyons plus loin  : Brudeus.