Page:Arbois de Jubainville - Cours de littérature celtique, tome 1.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tributions des druides et celles de leurs confrères les devins de Diodore qui sont les οὐατεις de Strabon et les euhages de Timagène, la ligne de démarcation est fort mal établie et devait donner lieu à de fréquents conflits comme il y en eut plus tard au moyen âge entre les justices ecclésiastiques et les justices royales. Quoi qu’il en soit, la vaste classe lettrée que César oppose à la classe des chevaliers, et où il ne trouve à mentionner que les druides, se composait, outre les druides, de deux autres éléments, que l’on ne peut dédaigner, à l’exemple de César, sans se faire de la Gaule une idée incomplète et fausse[1].

En Irlande, le monde lettré se partage également en trois sections. À côté des druides ou prêtres païens, nous trouvons les file, parmi lesquels on distingue diverses spécialités, comme celles de brithem ou juge, de scélaige ou conteur, mot dérivé de scél, « histoire, » etc. Il est encore question des bardes en Irlande ; ce sont des lettrés d’ordre inférieur, qui ne connaissent pas les lois savantes de la composition littéraire : ils suivent plutôt leur fantaisie personnelle que les règles traditionnelles de la littérature officielle[2].

  1. Voir César, De bello gallico, l. VI, ch. 13, 14.
  2. « Bard, idon fer gan dliged foglama acht a intlecht fadesin. » — « Barde, c’est-à-dire homme pour qui aucune étude n’est obligatoire et à qui son intelligence propre suffit. » O’Donovan, Supplément à O’Reilly, vº Bard, cf. Ancient laws of Ireland, t. IV, p. 360.