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ce poème, que O’Curry a publié, il est question des bardes. Ce poème est un éloge d’un certain Crimthann, roi de Leinster, et l’auteur dit que les bardes (baird) racontent l’histoire de ce prince[1]. Ajoutons qu’une composition épique, aujourd’hui perdue, portait le titre de « Massacre de la forteresse du barde royal[2]. »

Les textes des lois irlandaises parlent aussi des bardes[3], mais c’est avec fort peu d’estime. Les bardes y sont placés au-dessous du dernier rang des file. « Le barde, » lisons-nous, « n’a besoin de rien savoir : son intelligence naturelle lui suffit[4]. » Nous trouvons la même idée dans un texte de provenance inconnue, inséré, au seizième siècle, dans le glossaire d’O’Davoren. « Il n’est pas nécessaire pour les bardes, dona bardaib, d’avoir la connaissance des lettres ogamiques, i feadaib (littéralement : « des bois, » Buchstabe), ni celle du mètre poétique, deach. »

  1. « In scêl scailit baird baidg Banba. » « L’histoire que racontent les bardes immortels (?) d’Irlande. » Livre de Leinster, p. 45, col. 1, ligne 27. O’Curry, Lectures on the manuscript materials of ancient irish history, p. 484, a traduit baidg par boastful. Je suppose qu’il faut lire baid, « durable. » Supplément à O’Reilly, p. 579.
  2. « Argain ratha rigbaird, » Livre de Leinster, p. 190, col. 1, lignes 28-29. Cf. O’Curry, Lectures on the manuscript materials of ancient irish history, p. 591.
  3. Voir notamment : Ancient Laws of Ireland, t. I, p. 88.
  4. (4) « Bard dno cin dliged fogluime acht a indtleacht fadeisin. » Ancient Laws of Ireland, t. IV, p. 360. Ce texte a été reproduit d’après un autre manuscrit par O’Donovan, supplément à O’Reilly, p. 580, au mot bard, et on y trouve la même leçon, à quelques variantes près : « fer gan dliged foglama acht a intlecht fadesin. »