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Grecs désignaient les Celtes continentaux. Ce dérivé apparaît pour la première fois, mais avec un sens géographique, chez Hécatée de Milet. Hécatée, vers la fin du sixième siècle avant notre ère, a publié une sorte de géographie universelle intitulée Γῆς περίοδος ou « voyage autour du monde. » Malheureusement il n’en reste que des débris. Mais dans un fragment qui nous a été conservé on lit : « Marseille, ville de Ligystique près de la Celtique ; » dans un autre fragment : « Nyrax, ville celtique[1]. » Tels sont les premiers témoignages que nous ayons de l’existence du dérivé Κελτικός.

L’auteur le plus ancien chez lequel on trouve le mot Κελτός est Hérodote, qui mentionne les Celtes deux fois : la première, dans son livre II, écrit de 445 à 443 avant notre ère ; la seconde, dans son livre IV, qui est un peu postérieur. Suivant lui, les Celtes, Κελτοί habitent à la source du Danube, et en Espagne sur les côtes de l’océan Atlantique[2].

  1. « Μασσαλία πόλις τῆς Λιγυστικῆς, κατὰ τὴν Κελτικήν... Ἑκαταῖος Εὐρώπῃ. Νύραξ πόλις κελτική. Ἑκαταῖος Εὐρώπῃ » (Didot-Müller, Fragmenta historicum græcorum, t. I, p. 2). – La ligne première du fragment no 19, dans laquelle Hécatée aurait mis des Celtes à Narbonne, est imaginaire, bien qu’on la trouve à la même page des Fragmenta historicorum græcorum de Didot. Ce n’est pas Hécatée, c’est Strabon, qui, suivant Étienne de Byzance, a dit que Narbonne était un marché et une ville celtique, cf. p. 10, note 2 ; p. 11, note 1.
  2. « Ἴστος τε γὰρ ποταμὸς, ἀρξάμενος ἐκ Κελτῶν καὶ Πυρήνης πόλιος, ῥέει, μέσην σχίξων τὴν Εὐρώπην. Οἱ δὲ Κελτοὶ εἰσὶ ἔξω Ἡρακλέων στηλέων, ὁμουρέουσι δὲ Κυνησίοισι, οἳ ἔσχατοι πρὸς δυσμέων οἰκέουσι τῶν ἐν τῇ Εὐρώπῃ κατοικημένων » (Hérodote, liv. II, chap. xxxiii, édit. Didot, p. 82–83). — « Ῥέει γὰρ δὴ διὰ πάσης τῆς Εὐρώπης ὁ Ἴστρος, ἀρξάμενος ἐκ Κελτῶν, οἳ ἔσχατοι πρὸς ἡλίου δυσμέων μετὰ Κύνητας οἰκέουσι τῶν ἐν τῇ Εὐρώπῃ » (Hérodote, liv. IV, chap. xlix, édit. Didot, p. 198).