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Attaqués avec tant de succès par les Romains au sud, les Celtes avaient au nord d’autres ennemis heureux : c’étaient les Germains, qui leur enlevèrent peu à peu toutes leurs possessions au nord du Danube, sur la rive gauche de ce fleuve, dans la vallée du haut Elbe, et dans la partie orientale du bassin du Rhin. C’est en 113 avant J.-C. avec l’expédition des Cimbres et des Teutons, que, pour la première fois, les Germains apparaissent tout à fait clairement dans l’histoire[1]. Des l’année 58 avant notre ère, où César commence la guerre des Gaules, les Germains dominent dans toute la région comprise entre la mer du Nord, le Rhin et le Danube ; et cette région, dans la géographie romaine, porte le nom de Germanie. Le mot « Germania » a été employé dans ce sens par la plupart des géographes postérieurs. Cependant César connaissait encore dans ce pays une population gauloise indépendante[2], dont Tacite, à la fin du premier siècle de notre ère, ne signale qu’un débris, les Gothini, voisins à la fois des Germains et des Sarmates, et tributaires des deux peuples[3]. À cette époque, il n’y

  1. En 182, nous trouvons les Bastarnes chez Tite-Live, liv. XL, ch. v. Les Bastarnes sont des Germains suivant Pline l’ancien, liv. IV, § 10, et Tacite, Germanie, 46 ; mais si nous en croyons Tite-Live, liv. XL, ch. lvii, ils parlent la même langue que les Scordisques, tribu gauloise. Voir cependant Zeuss, Die Deutschen, pp. 127 et suiv. ; Grimm, Geschichte der deutschen Sprache, 3e édition, pp. 321, 322.
  2. De bello gallico, lib. VI, xxiv. Il s’agit des Volcæ Tectosages.
  3. « Gothinos gallica… lingua coarguit non esse Germanos, et quod tributa patiuntur. Partem tributorum Sarmatæ, partem Quadi, ut alienigenis, imponunt » (Tacite, Germanie, chap. xliii).