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RÉSIGNATION.

rempli ma vie, de toutes les heures passées en liberté avec un ciel pur au-dessus de ma tête et de l’espace devant moi. En cet instant je pensai à remercier de ce que j’avais jusqu’alors regardé comme des dons faits à tous les hommes : la lumière, l’air, l’horizon.

J’habitai dix-huit mois cette petite ville, et j’allais peut-être murmurer contre cette longue captivité, lorsque voici ce qui m’arriva.

Pour gagner une des portes des fortifications, il me fallait chaque jour, à l’heure de la promenade, descendre une petite ruelle semblable à un escalier, le sol étant creusé en forme de marche, pour rendre la pente d’un accès plus facile. En traversant cette étroite et obscure ruelle, pendant longtemps mes pensées devançant mes pas, je ne songeai qu’à la campagne que j’allais chercher ; mais un jour, par hasard, mes yeux s’arrêtèrent sur une pauvre maison, qui seule paraissait habitée. Elle n’avait qu’un rez-de-chaussée, deux fenêtres ; entre elles, une petite porte ; au-dessus, des mansardes. Les murs de la maison étaient peints en gris foncé, les fenêtres