Page:Arbouville - Poésies et Nouvelles, III, 1855.djvu/392

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
382
RÉSIGNATION.

Le printemps vint. Dans la ruelle, la glace se changea en humidité ; puis l’humidité fit place à un terrain plus sec ; puis quelques herbes poussèrent au pied des murs. Le coin du ciel que l’on pouvait à grandpeine entrevoir devint plus clair. Enfin, même dans ce passage obscur, le printemps laissa tomber une ombre de vie ; mais la petite maison restait toujours sans bruit et sans mouvement.

Vers le mois de juin, je me rendais, comme de coutume, à ma promenade de tous les jours, lorsque je vis avec une profonde tristesse — qu’on me pardonne cette phrase — un petit bouquet de violettes placé dans un verre sur le bord d’une des fenêtres de la maison.

« Ah ! » m’écriai-je, » il y a là quelqu’un qui souffre ! »

Pour aimer les fleurs, il faut, sinon être jeune, du moins avoir conservé quelques souvenirs de jeunesse ; il faut n’être pas absorbé entièrement par la vie matérielle ; il faut avoir la douce faculté d’être inoccupé sans être oisif, c’est-à-dire de rêver, de se