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Page:Archives curieuses de l’Histoire de France, série 1, tome 7.djvu/190

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Cependant on poursuyvit le criminel, lequel d’enfuyant, et passant par Villeneuve-Sainct-George (où il print un autre cheval), alloit disant tout haut : « Vous n’avez plus d’amiral en France. »

Le Roy, en ces entrefaites, commanda à Nancé, l’un des capitaines de ses gardes, d’aller saisir Chailly et le mener en prison ; mais il avoit desjà gagné le haut, ou pour le moins il s’es toit caché si bien qu’on ne le vouloit trouver.

Ce jour-là, le Roy escrivit des lettres à tous les gouverneurs des provinces et des principales villes de son royaume, et aussi à ses ambassadeurs estans près des princes estrangers, par lesquelles il les advertissoit de ce qui estoit advenu, et promettoit de faire en sorte que les autheurs et coulpables d’un si meschant acte seroyent descouverts et chastiez selon leurs démérites ; cependant qu’ils fissent entendre à tout le monde combien cest outrage luy desplaisoit. La Royne mère, ce mesme jour, escrivit des lettres de mesme substance ausdicts gouverneurs et ambassadeurs.

Le Roy, ce jour-là, après son disner (qu’il fit court), environ deux heures après midy, et avec luy la Royne sa mère, ses frères, tous les mareschaux de France (excepté celuy de Montmorency, qui le jour auparavant estoit allé à la chasse), le chevalier d’Angoulesme, le duc de Nevers, Chavigny et plusieurs autres capitaines, alla visiter l’amiral, qui mouroit d’envie de luy parler. Le Roy l’ayant ouy, et faisant du pleureux, confessa librement que l’amiral, s’asseurant sur sa foy et bienvueillance, estoit venu à la cour, et partant, quoyque la douleur des blessures fus ta l’amiral, que l’injure et l’outrage estoit fait à luy, et qu’il estoit résolu de tout son cœur d’en avoir la raison, et en faire justice si exemplaire qu’il en seroit mémoire à jamais.

L’amiral répliqua qu’il en remettoit la vengeance à