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La Royne mère escrivit aussi des lettres ausdits gouverneurs et ambassadeurs, de mesme substance que les lettres du Roy. N’en l’une n’en l’autre de ces lettres il n’estoit fait aucune mention de la conspiration de l’amiral, ne de ses consorts ; mais combien que ces lettres fussent envoyées par les provinces de la France, dans Paris on n’oyoit parler de chose qui en approchast ne qui tendist à appaiser la furie des séditieux.

Le lundy 25 d’aoust, les Parisiens, ayans assis des gardes aux portes de leur ville, par commandement du Roy qui en voulut avoir les clefs, afin (ce disoit-il) que nul huguenot eschappast par compère ou par commère, après avoir moissonné le champ à grand tas et à pleine main, ils alloyent cueillant çà et là les espics restans du jour précédent, menaçant de mort quiconque recèlerait aucun huguenot, quelque parent ou amy qu’il luy fust, de sorte que tant qu’ils en trouvèrent de reste furent tuez, et leurs meubles baillez en proye, comme aussi les meubles des absens.

Le Roy donna aux Suysses de sa garde, pour le bon devoir qu’ils avoyent monstré en cest affaire, le sac et pillage de la maison d’un très riche lapidaire, nommé Thierry Baduère. J’ay ouy dire que ce qu’on luy a pillé valoit plus de deux cens mille escus.

Le pillage des seigneurs, gentils-hommes, marchands, et autres huguenots tuez, estoit fait par authorité privée, ou donné et départi par le Roy à ses courtisans et autres siens bons serviteurs ; desquels les aucuns, trouvans quelque chose de singulier parmi la despouille des morts, le venoyent offrir et présenter au Roy, à sa mère, ou à quelque autre des princes à qui ils estoyent plus affectionnez.

En ces entrefaites, le Roy assembla son conseil, auquel furent monstrées par Monsieur, frère du Roy, certaines