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jours, mais sur toutes celle qui est successive et à sa maison et à sa nation, à sçavoir, de hayr à mort ceux qu’une fois ils ont offensez, et qu’il ne se faut réconcilier à un ennemy que pour le destruire.

Ce qui l’irrita aussi bien fort fut un tableau de quatorze serviteurs secrets de la Royne, entre lesquels le Péron tenoit le premier reng, peints au vif avec elle, lequel le chevalier de la Batteresse supposa un jour (ainsi que l’on m’a dict) au lieu d’un dessein de sa maison des Tuyleries, qu’il trouva sur le lict de l’antichambre de la Royne, et l’enleva subtilement, logeant en sa place le tableau, lequel tost après fut veu au grand regret de la dame et détriment de sa bonne renommée.

Mais pourquoy est-ce que la Batteresse fit ce tour-là ? Ce fut par despit et à cause de la jalousie qu’il avoit conceu de se voir postposé à tant de vilains, de voir (di-je) qu’il n’avoit peu estre receu en mesme charge avec ces quatorze, luy qui, comme bon et beau estalon, pensoit l’avoir mieux mérité.

Ceste supposition de tableau envenima fort la Royne contre les huguenots, qu’elle cuydoit luy avoir joué ce tour.

Pareillement elle s’est fort offensée de certaine rithme, parlant des Roynes Frédégonde et Brunehaut, et de Jézabel et Catherine, et la monstrant estre pire que Jézabel ne fut jamais, pour ce qu’elle a tousjours creu que ces bons offices luy estoyent faits de la part des huguenots[1].

  1. Ce pamphlet se terminait par les vers suivants :

    Enfin le jugement fut tel :
    Les chiens mangèrent Jézabel
    Par une vengeance divine ;
    La charongne de Catherine
    Sera différente en ce poinct,
    Les chiens mesmes n’en voudront point.